Je souhaitais que soeur Isabelle aussi me parle de Sœur Marie Dupont à qui elle a succédé. J’étais impressionnée de rencontrer la prieure générale : j’avais imaginé qu’un jour j’aurai un long entretien avec elle dans son bureau peut-être… J’avais préparé une longue série de questions, précises, par thèmes…
C’était mal connaître cette femme dont l’emploi du temps est d’abord celui de Dieu et de la Vierge sans qui rien ne se fait. En fait d’« entretien », nous avons eu des échanges informels, imprévus et imprévisibles. Elle ne m’a pas caché qu’elle aurait préféré demeurer silencieuse tout au long de ce livre. L’idée n’était pas de cultiver le moindre goût du secret voire du mystère mais de ne surtout pas interférer dans mon travail. Avec ses sœurs, elle avait décidé d’ouvrir en grand les portes de leurs monastères et de leur cœur aussi pour que je cherche et que je trouve les réponses à mes questions. Attentive à mes interrogations et à mes doutes, elle a accepté d’y répondre avec sagesse et une seule certitude :
« Pour moi, vivre c’est le Christ et mourir m’est un gain. La croix du Christ est ma seule gloire1. »
Je ne ferai pas de « portrait » de Sœur Isabelle : elle est une sœur de Bethléem, de l’Assomption et de saint Bruno. Son regard est celui d’un choix : le choix de Dieu. Dans cette première réponse, au sujet de Sœur Marie Dupont, elle m’a surprise. Je m’attendais à des petites confidences bien humaines sur sa personne, son « vécu » comme on dit dans notre monde… Rien de tout cela :
« Quand quelqu’un vous a conduit par la main de votre liberté, avec toute votre pesanteur sous le souffle de l’Esprit, vous craignez d’en parler de peur d’abîmer l’amour.”